Montag, 18. Februar 2013

Berlin fait toujours son cinéma

Décidément, Berlin a plus d'un tour dans son sac quand il s'agit du 7ème art. Après Wim Wenders et Jean-Pierre Léaud, me revoici plongée dans l'univers fantastique du double* avec L'étudiant de Prague. Ce film  muet écrit par Hanns-Heinz Ewers, homme de lettres, très inspiré par la littérature romantique et fantastique du XIXè (notamment par E.T.A. Hoffmann, Adalbert von Chamisso et Alfred de Musset) et dont les romans furent très controversés en Allemagne mais aimés en France. Ce film a été présenté à la Volkbühne - la scène du peuple - (où un ami travail, ainsi, nous avons pu avoir des places réduites) dans le cadre des Classics de la Berlinale et accompagné par l'orchestre Jakopsplatz de Munich venu interpréter la musique du film composée par Josef Weiss. Le film a été certes écrit en 1913 (il a 100 ans) mais a été reconstitué plus tard...

La Volksbühne prise le lendemain du film - rien que le nom évoque la période communiste.
Ne parlons même pas de l'architecture et de la sculpture devant qui fait très "Réalisme communiste"

L'étudiant de Prague raconte l'histoire de Balduin, un étudiant pauvre, qui dans les année 1820 à Prague, vend son reflet à Scapinelli, un usurier, contre une forte somme d'argent... Intéressant 1820, puisque les Fantaisie à la manière de Callot, recueil dont fait partie la nouvelle "Die Abenteuer der Sylvesternacht", ont été écrite entre 1814 et 1815 - Dans ce récit hoffmanien, l'un des personnages, Erasmus, a perdu son reflet à cause d'une fille dont il s'est épris en Italie. L'usurier et l'argent présent dans le film font également penser à Peter Schlemihl, personnage de Chamisso, qui vent son ombre à un mystérieux homme en gris (qui bizarrement m'a toujours fait penser à un usurier ou à un banquier de part la couleur grise de son costume). Revenons à notre Balduin. Grace à son ascension sociale, il attire les faveurs de sa bien aimée, la Comtesse Margit. Lorsque le fillancé de cette dernière, le Baron de Waldis-Scharzenberg le remarque, il provoque le jeune étudiant en duel. Le reflet de Balduin intervient et tue le baron. À l'inverse des histoires d'E.T.A. Hoffmann et de Chamisso, le reflet du personnage principal, intervient sans cesse pour effrayer son propriétaire et contrecarrer tous ses plans avec Margit. Il semble lui dire: "N'oublie pas d'où tu viens, tu es un étudiant pauvre, nul n'échappe à son destin". Point de chance, point de libre arbitre, l'homme est seul face à sa destinée... Effrayant!

Paul Wegener dans le rôle de Balduin, Grete Berger dans celui de la comtesse

Le plus intéressant dans ce film est que l'un de nous amis, qui possède un grand nombre de livres de Hanns-Heinz Ewers (encore un qui va se retrouver sur ma LAL), a, dans sa salle a manger, un portrait de Paul Wegener réalisé par Oswald Petersen, peintre qu'il connaît personnellement. (Sa toile la plus connue est le portrait de Willi Brand). Je résume: mon pote A. connaît le peintre, qui a fait le portrait de l'acteur, qui a joué dans le film, que l'on a vu. Véritable mise en abîme, méthode chère à E.T.A Hoffmann dans ses récits et très présente dans les Aventures de la Saint Sylvestre. Notons également que l'auteur romantique, le réalisateur et l'acteur sont tous les trois morts à Berlin... Mais les coincidences ne s'arrêtent pas là: Chamisso a écrit L'étrange récit de Peter Schlemihl en 1813 et ce film, en 1913...


Lustre de la salle

Nous avons passé là un excellent moment, vendredi soir avec ce film considéré comme le premier film d'art !

*Dans une autre vie, j'ai écrit un mémoire sur ce thème dans la littérature fantastique de la période romatique à travers une étude comparative de deux nouvelles: "Die Abenteuer der Sylvesternacht", d'E.T.A. Hoffmann et "Avatar" de Théophile Gautier.

2 Kommentare:

  1. J'ai des envies de Berlin en ce moment si tu savais...

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  2. Ben viens ;-) Cela me ferait très plaisir de faire ta connaissance en plus :-D

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