Dienstag, 5. März 2013

Les errances de l'amour

Première parution 1934,
1986 pour la version Folio poche avec un dossier réalisé par Michel Meyer.
750 pages.


Aurélien est le quatrième roman du cycle romanesque Le monde réel, qui dresse un portrait de la France depuis la fin du 19è et de la première moitié du 20è.

Aurélien, Jeune rentier revenu de la première guerre mondiale traîne son mal-être dans le Paris des années 20, où l'on rencontre Jean Cocteau et les dadaistes. De monndanités en mondanités, le jeune homme rencontre Bérénice, la cousine de son ami Edmond, et s'éprend d'elle même si au début, il "la trouvait franchement laide". La jeune femme, cependant mariée, répond à l'amour d'Aurélien, mais son goût de l'absolu ne rendra pas les choses aisées, bien au contraire...Quel court résumé pour ce roman riche autant d'un point de vue liguistique (les changements de niveau de langues sont remarquables et m'ont interpelée à plusieurs reprises, ils reflètent certainement la société de l'époque, euphorique, "folle" et menacée) que du contenu (les merveilleuses descriptions de Paris, le jeu des masques, la Seine presque personnifiée...). Les personnages secondaires sont très nombreux si bien que l'on s'y perd un peu parfois.  Mais avant tout, ce roman d'Aragon pose la question de l'amour véritable: Peut-on aimer tout en cherchant sa place dans une société désenchantée, est-on capable d'amour après avoir vécu la guerre et ses horreurs? Hier soir, j'ai été non seulement impressionnée mais aussi étreinte par un sentiment de vide profond en refermant le livre... Encore un ouvrage dont ne ressort pas indemne. À certains endroits, notamment à la fin, il m'a fallu penser à ce livre poignant.

Maintenant, je vous livre des passages qui ont particulièrement retenu mon attention:
"Vous savez, [...] c'est beaucoup plus facile de coucher avec quelqu'un qu'on n'aime pas vaiment, qu'avec quelqu'un qu'on aime" Elle écoutait les mots lentement se changer en pensée. Murphy la regarda, et hocha la tête. Il prononça plus pour lui-même que pour Bérénice: "Vous êtes un drôle de peuple, vous autres Français, c'est pour cela que nous avons tant de peine à comprendre Jean Racine. Ses femmes... Elle nous attirent, et elles nous font peur... comme vous. p568

Au détour du jardin de Claude Monet:
Elle s'appuya à la grille et se mit à rêver. Si l'on pouvait en soi, quand les fleurs vont se faner, les arracher tout de suite, et en remettre d'autres? Changer la couleur du coeur pendant la nuit... demeurer toujours à cet instant de la floraison parfaite... oublier...

Il en est d'une femme comme d'une patrie, la perdre est stupeur. L'homme qui a mesuré ces bas-fonds du sort peut mourir, mais qu'il survive, il n'est plus le même. On verra les uns en proie à d'étranges errements, les autres abbatus par l'orage comme un grain qui ne se relève pas. Les uns et les autres attendent un improbable soleil. p 620

2 Kommentare:

  1. Je te le conseille, il est fantastique ce livre. Le Chapitre 8 est un régal absolu quand Bérénice se promène en flânant dans les rues de Paris!!

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